Page:Goncourt - Journal, t6, 1892.djvu/353

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

semble d’art au Louvre que la collection Thiers, avec sa vaisselle de table d’hôte d’Allemagne, ses copies de Raphaël à l’aquarelle, le collier de perles de Madame. Et vraiment dans les objets chinois et japonais, rien de supérieur.

Pendant que dans la salle des dessins français, j’étais arrêté devant le « Couronnement de Voltaire », de Gabriel Saint-Aubin, qu’enfin, ils se sont décidés, je puis dire sur mes objurgations, à exposer, un monsieur qui le regardait admirativement, comme moi, et qui était Beurdeley fils, me dit que son père avait vendu 8 000 francs à M. Thiers, la plus belle pendule en marbre, qu’il avait jamais possédée. Il s’étonnait de ne l’avoir pas retrouvée, et moi il me semblait, aussi, que mon regard n’avait pas rencontré le petit cabinet en laque, de la vente Montebello, acheté pour son compte, par Mallinet, 2 700 francs.

Mercredi 29 octobre. — Hier, à ce qu’il paraît, à la suite d’une paraphrase de son professeur sur Schopenhauer, le jeune Daudet a eu, le soir, une attaque de sensibilité, une crise de larmes, demandant à son père et à sa mère : « si vraiment, la vie était comme ça…, ça valait la peine de vivre ! »

Et le lendemain matin, le petit frère, dans l’oreille duquel étaient restés des mots, qui étonnent la pensée enfantine, passait tout le déjeuner, à vouloir savoir ce qu’on devenait, quand on était mort. Ah !