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ment y remonter Henriette Maréchal. Dieu le veuille ! Car je suis un peu inquiet pour les années qui viennent. Si je tombais malade, si quelque grosse dépense relative à ma maison m’advenait. Mes dix mille livres de rente réduits à neuf par les impositions, avec le prix de la vie actuelle, et dans une grande installation comme la mienne, c’est vraiment bien peu d’argent. Ah ! les gens raisonnables peuvent me dire : « Vous n’aviez qu’à placer les 200 000 que depuis dix ans vous avez mis en bibelots… » Mais si j’avais été raisonnable à leur image, est-ce bien sûr que j’aurais eu le talent, qui me les a fait gagner.

Jeudi 16 octobre. — J’ai été longtemps, et je suis encore tourmenté par le désir de faire une collection d’objets à l’usage de la femme du XVIIIe siècle, une collection des outils de son travail, — et une petite collection qui tiendrait dans le dessous d’une vitrine de la grandeur d’une servante. Il faudrait avoir la navette en porcelaine de Saxe la plus extraordinaire, la paire de ciseaux la plus précieusement orfévrée, le dé le plus divin, etc., etc. J’avais bien débuté par le petit nécessaire en or de la vente Demidoff, qui a l’air d’avoir été ciselé sur un dessin d’Eisen, mais j’en suis presque encore, dans ma collection, à ce nécessaire.

Vendredi 17 octobre. — L’affreux et bourgeois en-