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Lundi 8 septembre. — Morel, le cocher de la princesse, bataillant avec elle, pour qu’on ne vende pas un vieux cheval, s’écrie : « Comment la princesse peut-elle avoir l’idée de se défaire du dernier cheval, que nous ayons… auquel on a présenté les armes ! »

Mercredi 10 septembre. — Il vient aujourd’hui une école de petites filles de Saint-Denis, jouer dans le parc de la princesse. C’est curieux, le côté laidement vieux de ces petites filles, elles semblent avoir été conçues dans l’ivresse du vin, les batteries de l’amour, la folie bestiale d’un rut alcoolisé. Ce ne sont plus les gentilles petites filles du peuple d’autrefois : elles ont l’air d’enfants de la Salpêtrière.

Dimanche 14 septembre. — Parcouru hier les Malheurs de Justine, de De Sade. L’originalité de l’abominable livre, elle n’est pas pour moi dans l’ordure, la cochonnerie féroce, je la trouve dans la punition céleste de la vertu, c’est-à-dire dans le contrepied diabolique des dénouements de tous les romans et de toutes les pièces de théâtre.

Dimanche 28 septembre. — Je relisais aujourd’hui