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n’est pas assez que mon pays soit en république, il fallait encore qu’il se plaçât sous l’invocation de Voltaire, de cet historien prenant le mot d’ordre des chancelleries, de ce bas flatteur des courtisanes de la cour, de cet exploiteur de la sensibilité publique, de ce roublard metteur en œuvre de l’actualité, de ce poncif faiseur de tragédies, de ce poète de la poésie de commis voyageur, de ce poète anti-français de la Pucelle, de ce lettré enfin, que je hais autant que j’aime Diderot.

Dimanche 14 avril. — On parlait des joies que donnait la croyance en soi, folle, exagérée, enfantine. À ce propos, Zola nous entretenait de Courbet, qu’il avait vu planté devant un de ses tableaux, se caressant la barbe, et riant tout de bon, avec la répétition de cette phrase : « C’est comique, cette peinture ! »

Et le terme de comique dans la bouche du Jordans moderne, équivalait à sublime.

Mardi 23 avril. — Les critiques pourront dire tout ce qu’ils voudront, ils ne pourront pas nous empêcher, mon frère et moi, d’être les saint Jean-Baptiste de la nervosité moderne.