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robe blanche, couchée dans un hamac, mais presque perpendiculairement, et comme debout. Dans cette originale pose, elle conte au petit Jacques, assis à côté d’elle, dans un fauteuil de paille, elle conte une de ces histoires merveilleuses, qu’elle imagine si joliment.

Ce soir retour à Paris, et visite de bureaux de journaux, où je sollicite un peu de bruit autour de ce mort illustre.

Samedi 23 août. — Dans un des bureaux de rédaction, où j’avais été hier, et où à peine remis de l’émotion de l’embaumement, j’avais dit qu’il m’était impossible de rédiger une note, on m’avait demandé : « Était-il grand ou petit ? — Brun ou blond ? — Était-il gai ou triste ? » J’avais eu l’ingénuité de répondre au rédacteur qui me posait ces questions : « C’était une nature gaie, et la gaieté du pauvre garçon avait quelque chose de charmant, quelque chose de la gaieté enjouée et spirituelle d’un personnage de la comédie italienne. » Ce matin, j’ouvre le journal, et je lis que M. de Goncourt regardait de Nittis comme un personnage de la comédie italienne. Ah ! ce que j’ai souffert de cette inconcevable interprétation de mes paroles !

En arrivant à Saint-Germain, je trouve aujourd’hui la malheureuse femme, comme calmée, apaisée, pacifiée. Les yeux presque secs, et soigneusement