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Dimanche 13 juillet. — J’ai des idées particulières sur le choléra. Je crois qu’il vient maintenant en visite chez nous, tous les ans, mais qu’il se produit, seulement, lorsqu’il rencontre certaines conditions climatériques ou atmosphériques, que l’on ignore encore. Les années de choléra, j’ai été frappé par un certain bleu neutralteinte, bleu violacé, qu’il me semble retrouver dans le ciel, cet an. Maintenant je ne sais pas, si le développement du choléra ne correspond avec des malaises de certaines plantes, de certains arbres. Les platanes, cette année-ci, ont une maladie, ne l’avaient-ils pas les autres années de choléra ?

Mercredi 23 juillet. — Sur le perron de Jean-d’Heurs, dix heures du soir.

Un ciel tout zébré de noir, et au milieu duquel il éclaire, parmi les senteurs écœurantes des orangers, parmi le bruit, comme brisé, de jets d’eau las. Il me semble vivre, un moment, dans les fonds fauves d’une de ces vieilles toiles, dont les maîtres vénitiens entourent un couple d’amoureux, pâlement enfiévrés, et aux lèvres, aux regards de sang.

―――― Il est des femmes qui, avec des formes menues et des apparences délicates, ont des santés de portefaix.