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à mon propos : « Tue ! » tous les autres journaux, grands et petits, crient : « Assomme ! » et c’est sur toute la ligne un éreintement général.

Je crois avoir raconté quelque part, que tout enfant, mon père m’emmenait dans un cabinet de lecture du passage de l’Opéra, puis après avoir parcouru les journaux, me laissait presque toujours, sur ma demande, enfoncé dans la lecture d’un roman, où, en ce temps, il était éternellement question de palicares héroïques. Et au bout d’une heure ou deux, de marche et de contremarche sur le boulevard des Italiens, en politiquant avec d’anciens compagnons d’armes bonapartistes, mon père venait me rechercher pour une grande promenade avant dîner.

Ce cabinet de lecture où j’ai été imaginativement si heureux, tout enfant, ce cabinet de lecture, qui est resté à peu près ce qu’il était, en ces vieilles années, c’est là où je lis tous les jours les attaques et les férocités contre l’auteur de Chérie.

Samedi 3 mai. — Je relis aujourd’hui les Libres Penseurs de Veuillot. C’est sublime, comme dédain du nombre, comme révolte d’un seul contre toute une société et tout un temps.

―――― J’ai reçu, ces jours-ci, une lettre de faire