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manches, chez sa mère. C’est curieux cette figure de la tata, de cette vieille dévouée, qui avait douze cents francs de rente, et qui s’était faite domestique de son neveu, et ne voulait personne pour l’aider dans ce service, où elle mettait une adoration jalouse. Un de ces dimanches cependant, la Massabie arriva en pleurant. Des amis de Gambetta, trouvant que c’était indigne, et par trop démocratique pour le dictateur, d’avoir une tante qui voulait faire son marché. Et la pauvre tata était renvoyée dans sa province, où elle mourait quelques mois après, dans un état d’enragement, et déchirant et mettant en pièces tout ce qui tombait sous ses vieilles mains.

―――― Dans un dîner chez Girardin, Gladstone laissait entendre, que le parti conservateur en France était le plus bête des partis conservateurs du monde entier.

Samedi 22 décembre. — Ce soir, à dîner chez Pierre Gavarni, Rogier l’égyptien, l’ami de Gautier et de Gavarni père, Rogier, le bibeloteur de choses italiennes, parlait d’un admirable portrait de la femme de Jean-Baptiste Tiepolo, qu’il avait vu à Venise, et dont un vieil amateur du pays, qui, enfant avait connu le mari, disait : « Une méchante