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renversé sur les avirons, et jetant à la rive des chansons de marin, fait plaisir à voir parmi la jolie ivresse, que lui verse la nature.

Mardi 26 juin. — Transfusion de nouveaux dans notre vieux dîner de Magny, en train de mourir. Tous hommes politiques, et rien que des hommes politiques. Ce sont Jules Roche, le comte de Rémusat, Ribot, l’orateur à la tête sympathique et distinguée. On s’amuse un moment du beau mot prêté à Hugo, auquel on a fait dire ces jours-ci : « Il est, je crois, temps que je désemplisse le monde. » Puis quelqu’un fait une monographie plaisante des Raspail, où il y aurait un membre préposé au parlementarisme, un autre à la pharmacie, un autre à la prison et aux condamnations de presse.

―――― Le bruit court que le comte de Chambord est mort. C’est le coup de hache qui coupe la dernière amarre retenant le temps présent au passé.

Jeudi 5 juillet. — Aujourd’hui, de retour d’une demi-semaine de travail à Champrosay, Daudet s’ouvre, se répand, et conte le roman qu’il fait ac-