Page:Goncourt - Journal, t6, 1892.djvu/283

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans cette contemplation, tombait, un jour, un vers de Virgile, dit tout haut par un camarade : ce vers le touchait, le remuait. Et le voilà tout à coup travaillant, et étant le premier, jusqu’à la fin de ses classes.

Puis le piocheur qu’il était devenu, se préparait à l’École normale, quand quelqu’un le menait aux Italiens : soirée, depuis laquelle Virgile, l’École normale, tout était à vau-l’eau : il était enveloppé de musique et ne pensait qu’à cela.

« Et voyez la providence des apparents malheurs de la vie, ajoutait Lavoix, si je n’avait pas échoué à l’École normale, M. Hippolyte Passy ne m’aurait pas fait entrer chez Sampayo… je n’aurais pas… je n’aurais pas… je n’aurais pas… et à l’heure qu’il est, si je n’étais déjà mort d’ennui, je serais professeur dans quelque localité, loin de tout. »

Samedi 16 juin. — Le peu de réussite des innombrables projets de l’homme, a quelque chose de commun avec le frai du poisson : sur des millions d’œufs quelques douzaines seulement réussissent.

Jeudi 21 juin. — Après-midi passé chez Zola, à Médan, avec le ménage Daudet et le ménage Frantz Jourdain. Partie de canot, où Daudet, crânement,