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lesses et le demi-refermement floche des roses de l’églantier.

Mardi 12 juin. — Aujourd’hui, je vais chez le docteur Molloy, pour prendre des notes sur un portrait de Sophie Arnould, par La Tour. Le portrait n’est pas de La Tour, mais au milieu d’un fouillis de choses, je découvre chez le docteur, un petit chef-d’œuvre d’un des grands sculpteurs du XVIIIe siècle, dont le nom retrouvé par moi dans un catalogue, m’est sorti de la mémoire.

C’est un monument, élevé au serin chéri, par une grande dame du temps, et où le pauvre oiseau, dont le squelette se voit dans le soubassement, est admirablement modelé en terre cuite, et représenté mort, les pattes raidies. Non jamais on n’a dépensé un art aussi grand pour un petit ressouvenir de la vie intime et familière. Et c’est amusant aussi ce cénotaphe, comme le plus délicieux spécimen de la sentimentalité d’alors.

Jeudi 14 juin. — Je n’avais jusqu’ici qu’un goût médiocre pour Rollinat. Je le trouvais, tantôt trop macabre, tantôt trop bête à bon dieu.

Aujourd’hui, il s’empare de moi, par de la musique, qu’il a faite sur quelques pièces de Baudelaire.