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la pierre grise des maisons, l’affiche en ses coloriages, tirant l’œil dans le camaïeu général, c’est merveilleux ; et dans ce tableau encore les figures ont le format qu’il faut au talent du peintre napolitain, le format de grandes taches spirituelles.

Mercredi 6 juin. — Aujourd’hui j’ai la visite d’un collégien, d’un de ces grands collégiens à barbe, dont chaque poil est accompagné d’un bouton. Il vient m’apporter son admiration, en m’apprenant qu’à l’heure actuelle, les intelligents, les piocheurs, les lettrés du collège sont divisés en deux camps : les futurs normaliens qui appartiennent à About et à Sarcey, et les autres sur lesquels Baudelaire et moi, serions les deux auteurs contemporains, qui ont le plus d’action.

―――― Au fond, chez moi, la plus sérieuse jouissance dans ce moment-ci, c’est l’étoilement de la verdure au fond de mon jardin, par toutes ces roses, ces roses feuillues et vigoureuses appelées Coupe d’Hébé ; ces roses, nommées Capitaine Christy, ayant le crémeux coloriage du carmin, sur l’ivoire d’une miniature commencée ; ces roses baptisées Baronne de Sancy, ayant dans une rose cultivée, les jolies mol-