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quand Ebner sort : « N’est-ce pas, c’est bien entendu, les deux lettres seront portées ce soir ? » dit-il encore.

Il y a un certain sérieux dans les paroles de Daudet, qui me fait lui demander, s’il y aurait quelque chose ? « Non rien du tout ! fait-il. » Mais son fils sorti, après Ebner, il me dit : « Oui, j’envoie deux témoins à Delpit, qui dans un article à propos de l’Académie… vous savez, c’est toujours la même chose… la continuation de la légende qui s’est faite sur moi… j’ai trahi tous mes amis… et personne n’est plus habile que moi, pour envelopper une perfidie dans de belles phrases… enfin ce mot carthaginois commence à m’agacer… je lui demande une rétractation, en lui adressant des amis, de vieux amis, qui, je crois, peuvent témoigner que je ne les ai pas trahis. »

Entre Mme Daudet. On change de conversation et l’on passe à table, et Daudet se met à parler de l’article biographique, qu’il est en train d’écrire sur Tourguéneff, pour l’Amérique, me disant : « Vous savez, c’est vrai, il est parfaitement fou… Charcot m’a raconté que la dernière fois qu’il a été le voir à la campagne, où il a été transporté, il lui a confié qu’il était à tout moment attaqué par des soldats assyriens… et même il a voulu lui jeter, dans les jambes, un bloc de pierre des murailles de Ninive. »

Dimanche 27 mai. — Daudet m’avait dit, en me