Page:Goncourt - Journal, t6, 1892.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mercredi 6 février. — Flaubert, parlant de l’engouement de tout le monde impérial, à Fontainebleau, pour la Lanterne de Rochefort, racontait un mot de Feuillet. Après avoir vu un chacun, porteur du pamphlet, et apercevant, au moment du départ pour la chasse, un officier de vénerie, en montant à cheval, fourrer dans la poche de son habit la brochurette, Flaubert, un peu agacé, demanda à Feuillet : « Est-ce que vraiment vous trouvez du talent à Rochefort ? » Le romancier de l’Impératrice, après avoir regardé à gauche, à droite, répondit : « Moi, je le trouve très médiocre, mais je serais désolé qu’on m’entendît, on me croirait jaloux de lui ! »

―――― La femme de Zola, assez souffrante cette année, tire de sa maladie une beauté rare, faite de la douceur de deux yeux très noirs, dans la pâleur comme éclairée d’un visage.

―――― Étudiant quelques jeunes ménages bonapartistes, je me prends à douter de la restauration de l’Empire ; je les trouve, ces ménages, trop coureurs de plaisirs, trop jouisseurs, trop portés à la rigolade. Malgré tous leurs enthousiasmes, leur fanatisme, leur idolâtrie, je ne trouve pas au fond d’eux, le deuil des défaites, qui seul peut, selon moi, assurer le retour des partis vaincus.