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Lundi 2 avril. — Un jour, où je devais travailler, donné tout entier, à la première du printemps, à la gaieté riante du premier beau jour de l’année.

Mardi 3 avril. — Ce matin en me levant, près de m’évanouir, j’ai été obligé de m’accrocher aux meubles pour ne pas tomber. Je serais cependant bien heureux de finir mon roman commencé… Après que la mort me prenne, quand elle voudra, j’en ai assez de la vie.

―――― Rue Godot-Mauroy, parmi la paille étendue sur le pavé pour le repos et la tranquillité d’une agonie, des enfants se roulent joyeusement, avec quelque chose du bonheur, qu’on a dans la campagne sur l’herbe. Ça peut donner une image tristement jolie.

―――― La communication que j’ai eue, ces temps-ci, du journal de Mlle ***, du journal des amourettes d’une cervelle de seize ans, me donne la certitude absolue, que la pensée de la jeune fille, la plus chaste, la plus pure, appartient à l’amour, et qu’elle a tout le temps un amant cérébral.