Page:Goncourt - Journal, t6, 1892.djvu/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

entrée dans la toilette de la femme occidentale, que depuis le rideau de la Salomé de Regnault, il se tourne vers son commis, un petit brun, en lui disant : « Justement nous en parlions, ce matin, avec M. Auguste. »

Là-dessus entre, se balançant dans un dandinement mélancolieux, Léonide Leblanc. Elle donne des poignées de main à l’anglaise à tous les commis, et laisse tomber de sa bouche, appuyée sur le manche de son parapluie : « J’ai besoin d’un costume… pour danser… c’est forcé… il faut quelque chose de tout à fait bien. » Et s’affalant sur le canapé à côté d’elle, elle ajoute : « Au fait je suis fichue !… vous allez bientôt être obligé, monsieur Pingat, d’apporter des fleurs sur ma tombe ! »

Un mot spirituel, un mot à la Sophie Arnould, de la charmante actrice, qu’on me citait justement, avant-hier : « Comme on lui disait qu’elle devait être riche, que le prince avait dû bien faire les choses, elle répondait : “Non, non, les d’Orléans en sont encore aux prix de 48 !” »

―――― Un auteur dramatique disait de son collaborateur : « Mon collaborateur passe dans le public, pour connaître les femmes… voici qui est vraiment amusant… j’aurais dépensé mon argent et ma santé avec elles, et ce serait lui qui les connaîtrait, merci… c’est moi, c’est moi qui les connais, bougres d’imbéciles ! »