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Un tout petit dîner chez la princesse. D’hommes, il n’y a guère que Popelin, Lavoix et moi. La princesse pâle, fatiguée, jouant l’attention autour de ce qu’on dit, mais complètement absente. Elle s’échappe à dire, en parlant de la Conciergerie, avec un geste qui semble repousser l’image de sa cervelle : « La prison ; je n’aime pas voir cela… » et elle en reste là de sa phrase.

On cause de la malle des papiers du prince Napoléon, qui a été saisie…

―――― C’est peut-être dommage, que nous n’ayons pas pu finir notre œuvre historique, comme nous pensions le faire, par une histoire psychologique de Napoléon, par une espèce de monographie de son cerveau. On nous a vu faire de la petite histoire ; là-dedans, je crois, qu’on nous aurait vu en faire, de la tout à fait grande !

Mardi gras 6 février. — Ce soir nous causions impressions d’enfance. Mme de Nittis disait qu’elle n’avait de ce temps qu’un souvenir, un seul. Quand elle se réveillait dans son petit lit, elle voyait toujours sa mère travaillant dans l’ombre transparente d’un abat-jour de lampe, une vision qui la faisait se rendormir pleine de sécurité. Sa mère, elle se la rappelle comme dans du clair-obscur.