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me disait qu’il a entendu de ses oreilles, le nouveau préfet de la Seine demander où était l’avenue de l’Opéra. Hier, la femme, la femme d’un diplomate de ma connaissance me racontait, que le nouveau chargé d’affaires, je ne sais plus où, sollicitait d’elle quelques renseignements. Elle lui dit : « Vous les trouverez, sans doute, dans le Gotha ». À quoi il répondit : « Le Gotha, qu’est-ce que c’est que ça ? »

Un ministre plénipotentiaire ignorant l’existence du Gotha, c’est trop violent, vraiment !

Jeudi 14 décembre. — Les livres de Loti, il me semble y trouver la senteur de bitume, de la momie de femme, aux petits bouquets de fleurs sous les aisselles, que j’ai vue détortiller à l’Exposition de 1865.

Daudet me disait, ce soir, qu’on était venu le chercher, pour la mort de sa mère, au moment où il était en train de faire le premier feuilleton de l’Évangéliste, et qu’il avait été pour lui très douloureux, de reprendre ce feuilleton, où la fiction de son roman se mêlait à la réalité du triste spectacle, qu’il venait d’avoir sous les yeux.

Là-dessus, il passe au récit des impressions de la maîtresse d’allemand de son fils, de Mme Ebsen, que je viens de cogner dans l’antichambre. Le jour, où elle est venue donner la leçon à Léon, et qu’il lui a donné les deux numéros parus du journal : « Aujourd’hui, a-t-elle dit à son élève, il n’y aura pas de