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moi l’avons faite, cette préface, en tête des Portraits intimes du dix-huitième siècle.

Dimanche 5 novembre. — Je suis tellement malheureux de ne plus fumer, que, de temps en temps, ma pensée me dit : « Si par hasard, il m’arrive une apoplexie qui ne me tue pas sur le coup… le travail n’étant plus possible… fumerai-je, mon Dieu, tout le temps que je serai hémiplégique ! »

Mercredi 22 novembre. — Je pars pour le Roi s’amuse, avec l’idée de la représentation d’Irène du mois d’avril 1778, d’un couronnement du buste de Hugo sur la scène, d’une soirée d’enthousiasme, où les applaudissements ne permettraient pas aux acteurs de parler.

Des cravates blanches au paradis, c’est la première fois que je vois cela.

Contre toutes mes prévisions, le lyrisme de Hugo a affaire à une salle de glace. Got est un excellent, un très remarquable acteur dans une pièce bourgeoise, mais en ce rôle historique, il ne sait ni être bossu, ni boiter, ni pleurer, ni dire un vers, et il n’a pas même la silhouette naine à la Vélasquez, qu’aurait eue Rouvière… Puis toujours cette humanité hugotienne, cette humanité à la sublimité des senti-