Page:Goncourt - Journal, t6, 1892.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec son talent de spirituel et délicat causeur, la silhouette d’un jésuite, d’un abbé M…, qui avait la monomanie de la confession, et le soir, battait les rues et confessait les cochers de voitures, un rien catholiques, stationnant aux portes des maisons, — les confessant monté sur le siège, à côté d’eux.

Un romancier, qui avait entendu parler de lui, songea à l’étonner, et lui demanda à se confesser. Mais au bout de sa confession, que dans son innocence, le romancier croyait effroyable, le confesseur des chenapans sortit de son confessionnal, l’embrassa, lui dit : « Je t’administrerai le coup de torchon (l’absolution) samedi, et nous mangerons ensemble le bon Dieu, dimanche. »

On lui prête, à ce confesseur, une agonie épouvantable, une agonie délirante, où il confessait des criminels imaginaires, encore plus terribles que le romancier.

Dimanche 28 mai. — Visite, ce matin, du peintre Tissot, qui vient me voir pour une illustration de Renée Mauperin.

Un causeur, où dans la divagation loquace de la parole, une expression de peintre ou d’observateur, vous repince l’attention, et vous rengrène dans sa conversation.

Il me dit aimer l’Angleterre, Londres, l’odeur du charbon de terre, parce que ça sent la bataille de la