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ter un escalier, à faire une visite au quatrième, et qui, pour s’y décider, se pique à la cuisse, par dessus son pantalon.

Beaucoup de femmes demandent à la morphine un montant de l’esprit, un coup de fouet de la causerie. On voit des maîtresses de maison disparaître, une minute, avant leur dîner, et reparaître, ayant dans les yeux de l’ivresse spirituelle. On cite comme la plus extraordinaire des morphinomanes la comtesse de Lichtenberg, qui se fait vingt ou trente piqûres par jour.

Un joli détail : ces femmes, à l’exemple des hommes qui possèdent une semaine de rasoirs, ont une semaine d’aiguilles, avec lesquelles on ne se pique qu’une fois, et qu’on envoie repasser.

Mardi 23 mai. — « Hugo a des idées sur tout, » dit quelqu’un à notre table.

— « Des idées, non, des images seulement, » reprend un autre.

―――― J’interroge aujourd’hui un grand médecin sur les phénomènes psychiques accompagnant la formation de la femme. Il me parle d’une rêvasserie particulière à cette époque, et à ce sujet il me conte cette petite histoire.