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ments, des plaintes sur notre chien de métier, sur le peu de contentement que nous apporte la bonne fortune, sur la profonde indifférence qui nous vient pour tout ce qui nous réussit, et sur la tracasserie que nous apportent les moindres riens hostiles de la vie.

Mardi 14 mars. — « Skobeleff… un sauvage, élève d’état-major ! » C’est Gambetta qui parle.

Car cet ancien dîner littéraire de Magny, est devenu un dîner tout politique, et un dîner que les ministres, qu’on n’y voit presque jamais, honorent de leur présence, quand ils sont sous la remise.

Alors Gambetta a développé éloquemment, très éloquemment l’idée que Skobeleff a de jeter sur l’Allemagne toutes les peuplades guerrières de l’Asie, de l’écraser, cette Allemagne, sous le nombre et le galop de ces hordes errantes, toujours prêtes à faire la guerre pour le pillage.

Puis la conversation passe de la Russie à l’Italie, et Gambetta dit, je crois, bien prophétiquement, que la papauté seule fait encore régner la maison de Savoie, mais que le jour où le pape quittera Rome, il est plus que probable, que la monarchie sera remplacée par la République.

Le dictateur revient alors à la France, proclame, que quoique nous soyons un peuple rebelle au gouvernement, nous demandons à être gouvernés, et