Page:Goncourt - Journal, t6, 1892.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

dans un état de faiblesse et de paresse du vouloir tout à fait particulier.

En ce vague de la tête, la lecture des livres de Fromentin, approche de vous un Orient, qui a quelque chose d’hallucinatoire.

Mercredi 1er mars. — Hier, je dînais chez Daudet, à côté de Mme Adam.

« Moi, dit-elle, j’ai cent amis… oui, il me faut ce compte-là… Je suis reconnaissante aux gens qui me font occuper d’eux… c’est ma vie… mon activité a besoin d’obliger… ça tient peut-être à ce que je suis Picarde… la femme de cette province est une femme qui porte les culottes… l’homme n’y est rien ».

Je regarde la femme, habillée d’une robe de velours gorge de tourterelle, constellée de grands boutons d’acier. Il y a en effet de la bonté dans ses yeux gris, une bonté qu’on sent tout près de devenir agissante, la bonté d’une belle et bien portante habitante de la campagne.

―――― La Revue des Deux Mondes, ces temps-ci, a déclaré par la voix de M. de Brunetière, qu’il y avait plus de vérité, d’observation, dans un roman de Gaboriau ou de Ponson du Terrail, que dans tous les romans de mon frère et de moi. C’est peut-être excessif.