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teur de l’argent. Il racontait, aujourd’hui, qu’avec la première pièce de vingt sous de son enfance, il avait acheté une bourse de dix-neuf sous, dans laquelle il avait mis le sou qui lui restait.

Vendredi 28 octobre. — Aujourd’hui, en montant la rue Saint-Georges, mes yeux rencontrent dans le ciel, au fond de la place, un immense placard où se lit en lettres colossales : la Faustin ; un placard regardant la maison, où mon frère et moi avons passé tant d’années, sans publicité, sans bruit, sans renommée.

―――― Chez quelques hommes, il y a dans le oh et le ah, un étonnement niais, qui fait de suite, avec raison, classer ces personnes parmi les imbéciles.

―――― Cette première scène de la Faustin, sait-on ce qui m’en a donné l’idée ? C’est cette soirée de notre séjour, en 1851, à Sainte-Adresse, où, sur un défi de la Dubuisson, de venir la trouver dans sa chambre, mon frère montait après le treillage, et était auprès d’elle, en une seconde. Alors Asseline, qui avait un coup de cœur pour l’actrice, et qui se