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Une propriété qui, à l’heure qu’il est, coûte plus de 200 000 francs à l’auteur, et dont le prix de l’acquisition primitive a été, je crois bien, de 7 000 francs. Un cabinet de travail ayant la hauteur et la grandeur, où se lit sur la cheminée, la devise : Nulla dies sine linea, et où l’on aperçoit dans un coin un orgue mélodium, avec voix d’anges, dont l’auteur naturaliste tire des accords à la tombée de la nuit.

On déjeune gaiement, et l’on va après déjeuner, dans l’île, dont il possède cinquante arpents, et où il fait bâtir un chalet, auquel travaillent encore les peintres, et qui contient une grande pièce, tout en sapin, au monumental poêle de faïence, d’une belle simplicité et d’un grand goût.

On revient dîner et la conversation va au livre du Bachelier, de Vallès, sur lequel Zola vient de faire un article dans le Figaro. Il s’excuse, avec une certaine vivacité, de s’être laissé aller à faire cet article, par un entraînement du premier moment, qu’il ne comprend plus, disant que dans ce livre, tout est blague, mensonge, ajoutant qu’il n’y a aucune étude de l’humanité, et répétant deux ou trois fois, avec une espèce de colère comique. « Pour moi, Vallès n’est pas plus qu’un grain de chènevis… Oui là, pas plus qu’un grain de chènevis. »

Jeudi 23 juin. — Un jeune médecin italien nous faisait hier soir, un dramatique récit.