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telle agitation nerveuse, produite par le travail de sa cervelle dans le champ des affaires, qu’il couchait dans une chambre où il y avait deux lits, promenant, de l’un à l’autre, une insomnie, que l’opium ne forçait pas au sommeil.

Mercredi 15 juin. — Je vais voir les loges des actrices du Théâtre-Français, pour la construction de la loge de la Faustin.

Elles sont ces loges, de curieuses démonstrations du goût rococo et pictural du mobilier des années présentes, et ressemblent peu, j’en suis sûr, à la loge de Mlle Mars.

C’est la loge de Mlle Lloyd, avec son apparence de boudoir galant, et sa cheminée aux petits chenets dorés, ayant comme milieu une terre cuite, et son plafond aux Amours peints par Voillemot, et ses assiettes de Chine accrochées sur la tenture, et son petit cabinet de toilette aux parois et au plafond de glace.

C’est la loge de la souriante Samary, où c’est comme l’intérieur d’un rapin élégant, un intérieur, au plafond fait d’éventails japonais, attachés sur le châssis blanc, aux croquis de Forain, au désordre de la toilette.

C’est la loge de Madeleine Brohan, rappelant la chambre bourgeoise d’une femme de 1840, avec son élégance vieillotte, sa perse pauvre, ses photographies encadrées.

C’est la loge de Croizette, en son sérieux luxe, en