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pendant ses absences, astreignait à porter cette ceinture, dont elle emportait la clef. Je connais cet homme et je l’ai même plaisanté à ce sujet.

―――― Oh ! la difficulté de la composition maintenant ! Il me faut douze heures de travail, pour en avoir trois de bonnes. D’abord une matinée paresseuse occupée par des cigarettes, la rédaction de lettres pressées, la correction d’épreuves, et au bout de cela le retournement de mon plan, que je fais danser sur la table. Après le second déjeuner et une longue fumerie, du papier couvert d’écriture imbécile, du travail qui n’aboutit pas, des enragements contre soi-même, de lâches envies d’abandonner la chose.

Enfin, vers quatre heures, l’entraînement obtenu, et des idées, et des images, et la vision des personnages, — et de la copie presque coulante jusqu’au dîner, jusqu’à sept heures. Mais cela à la condition que je ne sortirai pas, que je n’aurai pas la pensée dérangée, par la préoccupation de la toilette et de l’habillement.

Puis alors jusqu’à onze heures, ce morceau repris, raturé, rapetassé, amendé, corrigé, et enfumé d’un nombre infini de cigarettes.

Mercredi 8 juin. — La circulation dans Paris, a