Page:Goncourt - Journal, t6, 1892.djvu/135

Cette page a été validée par deux contributeurs.

riage, il me disait avoir entendu Onimus affirmer qu’une partie des maladies de matrice des femmes, venait de la brutalité du viol, accompli par le mari, dans la huitaine du mariage.

Mercredi 25 août. — Bonvin vient me faire voir une esquisse d’après Rubens, qu’il croit de Watteau. Il se plaint des amateurs qui travaillent à devenir les amis des peintres, pour payer moins cher, et à ce propos, il me cite la phrase de Diaz : « Oui, ils veulent connaître intimement la p…, dans l’espérance de devenir ses maquereaux ».

Ces temps-ci, après vingt-cinq ans de séparation, j’ai revu mon cousin, le marquis de Villedeuil, le cousin avec lequel mon frère et moi, nous avons fait nos débuts littéraires, le cousin qui a mangé 800 000 francs en deux ans… Ah ! depuis la fondation de l’Éclair et du Paris, il a fait bien des métiers, et bien des milliers de lieues sur le globe. Il a élevé une sucrerie près de l’Escurial, il a construit des chemins de fer dans le Maroc, posé des télégraphes dans l’Amérique méridionale. Et de cette vie de voyage, de ces compagnonnages avec des êtres de toutes sortes, de ces lectures économiques, statistiques, sociales, dans une existence où n’existe pas le besoin du sommeil, il est sorti un tout autre garçon, que celui que j’ai connu. Oui, il m’apparaît comme un de ces raisonneurs, à la fois profonds et légers de Balzac, don-