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nous mêler à la ripaille qui se prépare pour ce soir, et revenons, en parlant pieusement du mort.

Lundi 31 mai. — Aujourd’hui la princesse venant déjeuner chez moi, m’a fait le cadeau le plus charmant qu’elle pouvait me faire. Dans le temps, elle m’avait dit : « Goncourt, je vous laisse, dans mon testament, les dessins que Gavarni avait faits pour la Mode, et que Girardin, aux jours où nous étions bien ensemble, m’a offerts ».

En me mettant l’album dans les mains, elle m’a dit gentiment : « Tenez, je me porte très bien, je vous ferai attendre trop longtemps… Je ne sais quelle idée m’avait pris de les vendre cet hiver, comme ça je ne pourrai plus. »

Jeudi 24 juin. — Je dîne aujourd’hui chez Francis Magnard, établi dans 2500 mètres de terre, à Passy. Il y a là, Gille, nous racontant ses fréquentations à la Pissote, avec Grassot, frénétique admirateur de Chateaubriand, qui, avant de prendre connaissance de son premier vaudeville, lui dit : « Mon petit, as-tu seulement lu le Génie du christianisme ? »

―――― Pense-t-on ce que doit être une maîtresse, qui traduit du Darwin ?