Page:Goncourt - Journal, t6, 1892.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dre sur la cheminée, le volume de Corneille, dont il avait lu des passages la veille, mal repoussé sur les rayons de la bibliothèque.

 

Le convoi se met en marche. Nous grimpons par une montée poussiéreuse à une petite église, l’église où Mme Bovary va se confesser, et où l’un des crapauds tancés par le curé Bournisien, semble être en train de faire de la voltige, sur la crête du petit mur de l’ancien cimetière.

C’est exaspérant dans ces enterrements, la présence de tout ce monde du reportage, avec ses petits papiers dans le creux de la main, où il jette des noms de gens et de localités, qu’il entend de travers.

On ressort de la petite église, et l’on gagne le cimetière monumental de Rouen, sous le soleil, par une route interminable. Dans la cohue insouciante, et qui trouve l’enterrement long, commence à sourire l’idée d’une petite fête. On parle des barbues à la normande et des canetons à l’orange de Mennechet, et des lèvres murmurent des noms de rues infâmes, avec des clignements d’yeux de matous amoureux… On arrive au cimetière, un cimetière tout plein de senteurs d’aubépine, et dominant la ville, ensevelie dans une ombre violette, qui la fait ressembler à une ville d’ardoise.

Et l’eau bénite jetée sur la bière, tout le monde assoiffé dévale vers la ville avec des figures allumées et gaudriolantes.

Daudet, Zola et moi, nous repartons, refusant de