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est esquinté. De bonne heure, on va se coucher, en des chambres, meublées de bustes de famille.

Le lendemain, on se lève tard, et l’on reste renfermé à causer : Flaubert déclarant la promenade un échignement inutile. Puis l’on déjeune et l’on part.

Nous sommes à Rouen. Il est deux heures et nous ne serons à Paris qu’à cinq. Donc la journée est perdue. Je propose de battre les marchands d’antiquités, de faire un petit dîner fin, et de ne revenir que le soir. On accepte, à l’exception de Daudet qui a un dîner de famille. Nous n’avons pas fait cinquante pas, que nous nous apercevons que les boutiques sont fermées — nous n’avions pas songé que nous étions le lundi de Pâques. — Enfin une boutique entre-bâillée, et une paire de chenets, qu’on nous a faits 3 000 francs.

Nous revoilà dans la rue, où bientôt nous nous trouvons si désheurés, que nous entrons dans un café où nous jouons au billard, deux heures et demie, nous asseyant tour à tour, morts de fatigue, sur les angles du billard, en disant : « Quel four ! »

Enfin six heures et demie, nous nous rendons dans le grand hôtel, pour le dîner fin. « Quel poisson avez-vous ? — Monsieur, il n’y a pas aujourd’hui un seul morceau de poisson dans la ville de Rouen ! » Et le solennel maître d’hôtel nous propose des côtelettes de veau.

Mercredi 31 mars. — Je ne sais qui disait hier,