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drix, ses Sarcelles, dont il vendait quelques épreuves.

Des moments difficiles, des moments durs, des moments de misère, pendant lesquels Delâtre, qui tirait ses eaux-fortes, et auquel, un jour, il demandait à emprunter cent sous, lui disait qu’il allait lui faire vendre ses planches. Et il le menait chez une marchande de gravures, Mme Avenin, qui demeurait rue des Gravilliers. Mme Avenin lui donnait des cuivres de la Chouette (le Battant de porte)[1], des Perdrix, des Sarcelles, 45 francs — argent avec lequel il allait tout de suite manger des tripes chez le marchand de vin à côté, — il n’avait pas encore mangé de la journée.

―――― Ce soir, chez Burty, le directeur de la Revue d’Architecture, César Daly, un monsieur d’origine anglaise, dont la vie, passée sous toutes les latitudes du globe, ferait un roman d’une forte couleur.

Il a été élevé dans un pensionnat, situé sur la frontière de l’Écosse, où il neige depuis le mois d’octobre. Là, les élèves n’avaient, les uns, qu’un pantalon, les autres, qu’une veste ; là, tous les samedis, l’on faisait la chasse à la vermine, et chaque élève

  1. Une épreuve du « Haut d’un battant de porte », épreuve du premier état, avec le fond blanc, a été, sous le no 30, de la vente Burty, poussée par moi à 350 francs, et achetée 400 francs par M. Beraldi.