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au bord de l’évanouissement, et où l’équilibre de votre corps demande à être surveillé : un état plein de trouble et de la pensée continuelle d’un coup de foudre dans la cervelle.

―――― Je lis une traduction nouvelle de la Bible. C’est vraiment curieux la parenté du récit de Judith, allant trouver Holopherne, avec le récit de Salammbô, se rendant au camp de Mathô.

Jeudi 2 octobre, — Pendant que je pose pour mon portrait, Bracquemond, tout en crayonnant, me raconte un peu de sa vie.

Il a été élevé dans un manège et destiné à devenir un écuyer. Mais il s’est trouvé habiter la même maison qu’un élève d’Ingres, M. Guichard, avec les enfants duquel il jouait. M. Guichard l’a fait dessiner d’après la bosse, et le voyant surtout dessiner à la plume, l’a engagé à graver à l’eau-forte, et lui a donné un âne de Boissieu, pour le copier.

Or, il ne savait rien du métier. Il demeurait alors à Passy dans une maison, qu’habitait un descendant de Louis XV, possesseur d’une vieille Encyclopédie. Bracquemond cherchait là-dedans le procédé, et gravait très bien « l’âne de Boissieu ». Puis après quelques autres planches, il gravait sa Chouette, ses Per-