Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Lundi 20 mai. — J’avais déjà remarqué plusieurs fois, combien sous le soleil, l’ombre portée des choses servait aux Japonais pour leurs dessins. Hier j’ai été confirmé dans ma remarque d’une manière saisissante. La lune éclairait le perron, et dessinait sur le mur nouvellement peint, une branche de laurier. Cette branche de laurier, on la voyait en la tache estompée et un peu bleuâtre, dans le modèle flou, dans le camaïeu tendre, d’un branchage sur une potiche.

Le mariage de Sardou et de Mlle Soulié est original. Un graveur qui travaillait d’après un tableau de la galerie de Versailles, va demander quelque chose à Soulié, et tombe dans le déjeuner de la famille. Soulié l’invite à partager le déjeuner. Le graveur s’excuse, en lui disant que Sardou l’attend en bas. Soulié l’invite à aller chercher l’auteur de Madame Benoiton. Sardou voit la jeune fille… Et il devient amoureux, ainsi que pourrait le devenir un personnage de ses pièces.

Mardi 21 mai. — Au dîner des Spartiates, le général Schmitz parle de la capitulation de Sedan, comme d’une chose honteuse, et que n’absout pas la nouvelle portée des canons, et laisse entrevoir, hélas, que la conservation des bagages, assurés aux officiers, a amené quelques-uns à donner leurs signatures à cette honte. Un beau mot du général de