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tion faite à sa musique. Il entend jouer du Molière, puis du Corneille, mais pas la moindre cantate. Il sort, en faisant claquer la porte de sa loge. L’anonymat des paroles et de la musique de la cantate improvisée, avait été si bien gardé, que la censure l’avait refusée.

Oh ! c’était bien amusant le dessous du rideau… c’était même passablement farce. Je ne sais à propos de quelle attaque de la musique de Saint-Remy, par Rochefort, le duc fut embêté… mais là, dans les moelles. Il fit même réunir la collection de ses œuvres, et les adressa à Jouvin, pour qu’il le vengeât des attaques de ce monsieur de Rochefort. Alors Crémieux, Halévy et Siraudin étaient les collaborateurs du duc et ses confidents littéraires, et Siraudin, à ce propos, tenta avec la diplomatie d’un auteur dramatique doublée de celle d’un confiseur, d’opérer un rapprochement entre Rochefort et de Morny.

Toutes les fois qu’il rencontrait Rochefort, il lui parlait du Rembrandt, du fameux Rembrandt de Morny, lui arrachant la promesse de venir le voir, et prenant rendez-vous avec lui. Le comique, c’est qu’il ne vint jamais, et que j’ai vu plus de sept ou huit fois, le duc faire le pied de grue, en attendant Rochefort.

— « Et vous ne faites rien de cela ? » — s’exclame tout à coup Zola, qui depuis quelques instants, ainsi que toutes les fois qu’il entend des choses convertissables en roman, s’agite sur sa chaise, à laquelle il fait décrire des demi-cercles. — Mais c’est un livre