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litaire met quelque chose de soldatesque. Sur les portes, des concierges balayent avec des calottes de turcos. Dans des boutiques d’imageries, sont seulement exposées des feuilles à un sol, représentant tous les costumes de l’armée française. Une échoppe primitive de barbier, dont la profession est écrite à l’encre sur le crépi du mur, fait appel aux mentons de messieurs les militaires.

Là, les maisons ont l’entrée des maisons de village, et au-dessus de hauts murs, passent les ombrages denses de jardins et de parcs de communautés religieuses.

Dans une maison qui a l’air d’une vacherie — la vacherie habitée par le colonel Chabert, du roman de Balzac, — je m’adresse à une sorte de paysanne, qui est la portière de Barbey. Tout d’abord, elle me dit qu’il n’y est pas. Je connais la consigne. Je bataille. Enfin elle se décide à monter ma carte, et me jette, en redescendant : « Au premier, le no 4 dans le corridor. »

Un petit escalier, un plus petit corridor, et encore une petite porte peinte en ocre, sur laquelle est la clef.

J’entre, et dans un fouillis, un désordre qui ne laisse rien distinguer, je suis reçu par Barbey d’Aurevilly, en manches de chemise, et en pantalon gris perle décoré d’une bande noire, devant une de ces anciennes toilettes, au grand rond de glace basculant. Il s’excuse de me recevoir ainsi, s’habillant, me dit-il, « pour aller à la messe. »