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ronne de fleurs d’orangers. C’est mal écrit, lorsqu’on place assez près de l’autre, dans une phrase, deux mots commençant, par la même syllabe. On a été plus loin, on a déclaré qu’on ne pouvait pas commencer une phrase par un monosyllabe : ces deux pauvres petites lettres ne pouvant servir de fondation à une grande phrase, à une période.

Cette recherche de la petite bête abêtit les mieux doués, les détourne, — occupés qu’ils sont de la sertissure à la loupe d’une phrase — de toutes les fortes, les grandes, les chaleureuses choses, qui font vivre un livre.

Dimanche 7 mars. — Zola en entrant chez Flaubert se laisse tomber dans un fauteuil, et murmure d’une voix désespérée :

— Que ça me donne du mal, ce Compiègne… que ça me donne du mal !

Alors Zola demande à Flaubert, combien il y avait de lustres éclairant la table du dîner… Si la causerie faisait beaucoup de bruit… et de quoi on causait… et qu’est-ce que disait l’Empereur…

Et Flaubert, moitié pitié de son ignorance de l’intérieur impérial, moitié satisfaction d’apprendre à deux ou trois visiteurs, qu’il a passé quinze jours à Compiègne, joue à Zola dans sa robe de chambre, un Empereur classique au pas traînant, une main derrière son dos ployé en deux, tortillant sa