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tact de la foule, à toutes les fausses bonnes nouvelles volant sur toutes les bouches, à la contagion du gobage des multitudes crédules : — illusions que détruit tout d’un coup la rédaction sèche du rapport officiel.

Et toujours la porte des cafés que l’on pousse, et toujours le tapage des conversations rieuses, et toujours la vie insouciante de la capitale, subsistant avec toute l’horreur de la guerre à la cantonade.

Samedi 24 septembre. — Dans la capitale du manger frais et des primeurs, il est vraiment ironique de voir les Parisiens se consulter devant les boîtes de fer-blanc des marchands de comestible et des épiciers cosmopolites. Enfin ils se décident à entrer, et sortent, emportant sous le bras, le Boilled Mutton ou le Boilled Beef, etc., toutes les conserves possibles et impossibles de viandes, de légumes, de choses qu’on n’aurait jamais pensé devoir devenir la nourriture du Paris riche.

Les industries sont toutes transformées ; des vareuses et des tuniques de gardes nationaux remplissent la devanture des magasins de blanc ; des plastrons Disderi sont étalés au milieu des fleurs exotiques ; et par les soupiraux des sous-sols, l’on entend le martèlement du fer, et à travers les barreaux s’aperçoivent des ouvriers qui forgent des cuirasses.

La carte des restaurants se resserre. On a mangé