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canard, et une manœuvre, pour décider les indécis à aller se faire tuer.

Mardi 4 avril. — Je me réveille tout triste. L’horizon est muet. Est-ce que Versailles serait battu, et serions-nous à la discrétion des hommes de la Commune ? Heureusement que j’entends bientôt un bruit de mitrailleuses, bruit lointain, si lointain, que je ne sais pas bien si ce n’est pas un charroiement de rails de chemins de fer. Ce bruit devient plus distinct, et c’est bien vite comme un déchaînement du pétillement homicide.

Sur le boulevard, la soûlerie des gardes nationaux devient agressive aux passants.

Pourquoi, dans les guerres civiles, les courages grandissent-ils, et pourquoi des gens qui n’auraient pas tenu devant les Prussiens, se font-ils tuer héroïquement par leurs concitoyens ?

Toute la journée le bruit de ces mécaniques de mort qui, par moment, semblent avoir des colères humaines.

Les omnibus ont retourné en dedans le rouge de leurs lanternes, pour n’être pas happés au passage, dans les environs de la Manutention.

Mercredi 5 avril. — D’après le dire des journaux de ce matin, le gouvernement du Comité semble à sa fin, et cependant la canonnade dure toute la