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nent, et partout s’élèvent des barricades, couronnées de méchants gamins. Les voitures ne circulent plus. Les boutiques se ferment.

La curiosité me mène à l’Hôtel de Ville, où, sur la place et au milieu de petits groupes, des orateurs parlent de mettre à mort les traîtres. Au loin, sur les quais, dans un brouillard de poussière, des charges inoffensives de municipaux, pendant que des gardes nationaux chargent leurs fusils, rue de Rivoli, et que des voyous donnent l’assaut, avec des cris, des huées, des pierres, aux deux casernes derrière l’Hôtel de Ville.

En revenant, sur les trottoirs, des badauds causant de la fusillade de Clément-Thomas et de Lecomte.

Dimanche 19 mars. — Les journaux de ce matin confirment la fusillade de Clément-Thomas et du général Lecomte.

Un sentiment de fatigue d’être Français, et le désir vague d’aller chercher une patrie, là, où l’artiste ait sa pensée tranquille, et non à tout moment troublée par les stupides agitations, les convulsions bêtes d’une tourbe destructive.

En chemin de fer, on dit, autour de moi, l’armée en pleine retraite sur Versailles, et Paris au pouvoir de l’insurrection.

Rue Caumartin, Nefftzer, auquel je demande quel est le nouveau gouvernement, me jette de sa grosse