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Le feu a cessé. Je vais faire un tour aux environs d’Auteuil.

Une femme crie à un voisin : « Nous sommes encore dans la cave, mais nous allons remonter ! »

Des trous dans des toits, des écorniflures à des façades, mais vraiment bien peu de dégât matériel, causé par cet ouragan de fer qui nous a passé sur la tête. Seule, une langue de terre entre le viaduc et le cimetière d’Auteuil, toute trouée de grands trous de trois mètres, où les obus sont tombés si rapprochés qu’ils ont fait, sur une échelle géante, le travail régulier des trous faits par la commission des barricades, au Point-du-Jour.

Près la porte Michel-Ange, je monte sur le viaduc. Cent maisons brûlent à Saint-Cloud : le feu de joie que se payent les Prussiens pour leur triomphe ! Un soldat malade, accoudé au parapet, laisse échapper : « C’est pitié de voir cela ! »

Samedi 28 janvier. — Ils sont heureux les journalistes, qui se trouvent presque fiers de ce que la République a fait pour la défense nationale. Ils vous citent avec orgueil l’hommage rendu à notre héroïsme par les Prussiens, et espèrent presque que Trochu va être reconnu comme un grand homme de guerre.

Au milieu de l’aspect hilare du soldat, c’est beau le navrement qu’emporte sur toute sa personne, le