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qu’ils emportent le matériel de notre industrie. Ce dire conduit, je ne sais par quel chemin, la conversation à une grande discussion sur les matières colorantes, et sur le rose turc, d’où elle revient au point de départ. Nefftzer, contrairement à tout le monde, prétend que les Prussiens voudront nous étonner par leur générosité, leur magnanimité. Amen !

En sortant de chez Brébant, sur le boulevard, le mot capitulation, qu’il eût peut-être été dangereux de prononcer il y a quelques jours, est dans toutes les bouches.

Mercredi 25 janvier. — Plus rien de ce ressort, de cette agitation fébrile qu’avaient, ces jours-ci, les allants et les venants. Une population, lasse et battue de l’oiseau, qui se traîne sous un ciel gris, où tombe, de seconde en seconde, un lourd flocon de neige.

Il n’y a plus de place pour les absurdités de l’espérance.

Des queues s’allongent à la porte des marchands, de la seule chose qui reste à manger, à la porte des chocolatiers. Et l’on voit des soldats, tout glorieux d’avoir conquis une livre de chocolat.

Jeudi 26 janvier. — Ça se rapproche. De nouvelles batteries semblent démasquées. Il éclate des obus, à toute minute, sur la voie du chemin de fer, et notre