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Un logis de curé joliment documentaire.

Une petite cour resserrée par un bûcher, aux bûches disparaissant sous les porte-bougies et les dais en feuilles de chêne artificielles, qui servent aux grandes cérémonies de l’église. Une salle à manger, où se voient la lithographie de l’Assomption de Murillo, des vases à fleurs, tout cassés, vieux rebuts de l’autel, une cafetière en plaqué, don des paroissiens. Un cabinet de travail, entouré de planches peintes en noir, chargées de gradus de collège, de livres de théologie poudreux, avec, sur une chaise, un tableau de mathématique, avec, au mur, une chronologie : une grande image, où du sein d’une femme sort un arbre, dont les rameaux portent, au milieu de guirlandes de lauriers, les médaillons des rois de France, — le tout encadré dans une bande d’étoffe à losanges rouges et blancs.

La chambre à coucher a des rideaux de cotonnade jaune, d’affreux rideaux œillet d’Inde. Il se trouve dans un coin un orgue mélodium ; une lithographie coloriée de la « Vierge à la chaise » remplace la glace ; sur une table est posée la calotte du curé, entre des petits morceaux de papier bleu, des étoiles d’argent, des paquets de ficelle rose, et sur la table de nuit, sont ouverts les Chants de Marie avec la musique de l’abbé Lambillotte.

Un pauvre logis qui sent la misère, la sainteté, l’humidité, la maladie, et dont toute la joie est le bondissement mêlé au jappement d’un chien, de la