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Luxembourg. Saint-Victor, pour un obus tombé place Saint-Sulpice, déserte, la nuit, son logement de la rue de Furstemberg. Renan a émigré aussi sur la rive droite.

La conversation est toute sur la désespérance des hauts bonnets de l’armée, sur leur manque de vouloir énergique, sur le découragement qu’ils propagent parmi les soldats. On parle d’une séance, où devant l’attitude molle ou indisciplinée des vieux généraux, le pauvre Trochu a menacé de se brûler la cervelle. Louis Blanc résume la chose en disant : « L’armée a perdu la France, elle ne veut pas qu’elle soit sauvée par les pékins ! »

Tessié du Motay raconte les âneries de nos généraux, dont il prétend avoir été le témoin oculaire. Lors de l’affaire de décembre, il a vu arriver à deux heures, sur le terrain, le général Vinoy, qui avait reçu l’ordre d’enlever Chelles à onze heures : il l’a donc vu arriver à deux heures, entouré d’un état-major un peu aviné, et demandant où se trouvait Chelles. Du Motay assistait, je crois, le même jour, à l’arrivée du général Le Flô qui, lui aussi, demandait si c’était bien là le plateau d’Avron.

Le même du Motay affirme qu’après notre complète réussite du 2 décembre, l’armée avait reçu l’ordre de marcher en avant, quand on vint dire à Trochu qu’on manquait complètement de munitions. Ceci fait proclamer assez verbeusement à Saint-Victor la nécessité d’un Saint-Just.

Et pendant que l’on parle de la menace, qui serait