Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suburbaines ; il vous sauve, dans l’avenir, de l’incendie, du pillage, de la réquisition prussienne. Quelqu’un me racontait qu’une personne de sa connaissance avait monté une ambulance — huit lits, deux sœurs, et charpie, et bandes, et tout l’et caetera pour les pansements — rien n’y manquait. Malgré cela, aucun blessé ne pointait à l’horizon. L’homme de l’ambulance restait plein d’inquiétude pour son immeuble. Que fit-il, il alla à une ambulance, favorisée de blessés, et versa 3 000 francs, oui 3 000 francs, pour qu’on lui en cédât un.

Je désire vivement la paix, je désire bien égoïstement qu’il ne tombe pas d’obus dans ma maison et mes bibelots, et cependant je marchais triste, comme la mort, le long des fortifications. Je regardais tous ces travaux qui ne devaient pas protester contre la victoire allemande, je sentais à l’attitude des ouvriers, des gardes nationaux, des soldats, à ce que l’âme des gens confesse d’eux, autour d’eux, je sentais que la paix était signée d’avance, et telle que l’exigerait M. de Bismarck, et je souffrais bêtement comme d’une déception, d’une désillusion sur le compte d’un être aimé ! Quelqu’un me disait, ce soir : « Les gardes nationaux, nous n’en parlons pas, n’est-ce pas ? La ligne lèvera la crosse en l’air. La mobile tiendra un petit peu. Les marins tireront sans conviction. Voilà comme on se battra si on se bat. »

Samedi 12 novembre. — Que la postérité ne