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dans lequel l’étrangeté d’Hoffmann se mariait à la fantaisie d’Henri Heine, et où il va, à Berlin, en compagnie de sa femme, passer ses journées trop ennuyées d’exil.

C’est un petit palais rococo d’un germanisme falot, et qu’on appelle de ce nom antique et galant : Mon bijou. Il y a là du bric-à-brac de toutes sortes, des saxes, tous les saxes possibles, les joujoux de Frédéric et de tous les princes, le Monument de la reine, des masques et des figures de cire de tous les Borussiens, des cercueils, des petits modèles de navire, des objets et des instruments inconnus de l’Orient, un immense et abracadabrant méli-mélo de choses, la resserre de bibelots d’une monarchie baroque, un musée de Curtius mélangé d’un musée Tussaud. — Et ce Mon bijou est gardé par un custode maniaque, d’un bavardage intarissable sur chaque objet ; et là, passe sa vie, en robe de fantôme, une vieille princesse allemande, qui est folle.

10 juin. — Départ pour les eaux de Royat. Crise de foie. Toute la nuit, je passe à me tortiller en chemin de fer, comme un ver coupé.

— La table d’hôte de Royat. Un général qui s’appelle Bataille ; un comte de Fitz-James, un membre du Jockey-Club, un aimable gentilhomme, un vieux grognard de l’amour ; un fabricant de plumes de fer