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je ne sais quelle voluptueuse mollesse d’une jeune femme aux cheveux coupés.

Pourquoi prendre des renseignements sur ces gens-là ? Nous aimons mieux les rêver, et même peut-être, un jour, les imaginer.

— L’aventure avec Sainte-Beuve, depuis le commencement jusqu’à la fin, en sa bizarrerie. Après ses expectorations amères contre notre roman, son hostilité personnelle contre son héroïne, Sainte-Beuve nous a proposé décidément, par l’intermédiaire de Charles Edmond, de nous faire deux articles dans le Temps. Il nous prévenait qu’il nous demandait d’en accepter le plaisir et le déplaisir, que d’ailleurs il entendait que nous répondions, dans le journal même, à ses sévérités. Nous acceptions du premier coup la proposition de Sainte-Beuve, très touchés et reconnaissants de cette courtoisie de la réponse.

Cela bien convenu dans une visite faite au critique, nous rencontrions quelqu’un qui nous disait que Sainte-Beuve ne faisait pas les articles, et que c’était notre faute. Nous lui écrivions. Il nous répondait dans une lettre, où il remplaçait le chers amis par chers messieurs, lettre entortillée, et où il semblait dire, à mots couverts, que sa position actuelle vis-à-vis de la princesse, l’empêchait de faire les articles promis. Au premier mot de cette lettre je devinais quelque cancan d’ennemi… Allons, jusqu’à la fin, même au bord de sa tombe, Sainte-Beuve sera la