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à un supplice ridicule comme les locataires-martyrs, dans un logis des Pilules du Diable.

27 mai. — Fontainebleau.

Des moments de désespoir de notre santé, où nous nous disons : « Embrassons-nous, ça nous donnera du courage ! » et nous nous embrassons sans nous dire rien de plus.

31 mai. — Ce soir dans la salle à manger de l’hôtel de Fontainebleau. Au milieu de couples horribles de bourgeois gourmés, de vieux gandins de bourse et d’obscurs poseurs, un ménage de vieux Anglais. Il y a rarement chez nous cette noblesse de déclin, cette race de la vieillesse, cette beauté de Franklin et de grand seigneur, sous la couronne d’un reste de cheveux blancs, et ces yeux heureux, et cette belle bouche, et ces beaux regards humains ; enfin ce type d’une vie toute droite et bien remplie, d’une conscience satisfaite, d’une âme limpide. Il y a chez l’Anglais distingué de l’aristocratie des beaux et bons chiens de son pays.

1er juin. — Dîner Magny.

Curieux détails sur les savants Y… et Z…, sur ces Germains qui ne sont pas plus savants que d’autres, mais que la mode du germanisme dans le monde