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ouvrier de Yedo, la plus ravissante des coupes.

Retour ce soir. Des voyous en gaîté au chemin de fer. Le Français dans l’ivresse n’est point bêtement heureux d’être ivre comme les autres peuples. Il faut qu’il se montre très ostensiblement ivre à tous, par la bruyance, les cris, les blagues, la crapulerie exubérante. Sa grande gaîté dévoile son esprit de vanité et d’inégalité : elle a besoin d’être écrasante pour les autres.

18 septembre. — Rien, rien et rien, dans cette exposition de Courbet. À peine deux ciels de mer… Hors de là, chose piquante, chez ce maître du réalisme, rien de l’étude de la nature. Le corps de sa « Femme au perroquet » est aussi loin du vrai du nu, que n’importe quelle académie du XVIIIe siècle.

Puis le laid, toujours le laid, et le laid bourgeois, le laid sans son grand caractère, sans la beauté du laid.

— L’homme de la Morgue répondait à quelqu’un lui parlant de l’émotion qu’il devait ressentir aux sinistres reconnaissances des cadavres : « Oh ! on se fait à tout… il n’y a qu’une chose, c’est, quand c’est une mère… voyez-vous, le mort serait-il décomposé, pourri, serait-il du papier mâché, comme il y en a… quand c’est une mère, elle se jette dessus et l’embrasse… Il n’y a qu’elle pour cela ! »