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le cycle de la grande peinture est fermé… et il n’y a plus que le paysage.

Intérieur sec, sobre, vide, comme inhabité : c’est la stricte demeure du travail. La chambre avec son petit lit est une cellule. Chambre et atelier, un logis d’ouvrier dans lequel pend quelque vieille soierie de chez Wail qui sert, un jour, pour un ton riche. On ne sent chez ce peintre de talent, ni service ni cuisine, et, ce soir, traîne encore, non enlevé, le mince os d’une côtelette sur une assiette, reste du déjeuner.

En montant l’escalier, il nous disait : « Oh ! quand une fois on a été mordu de la misère, il vous reste toujours la crainte d’en être repiqué ! »

25 décembre. — Noël. C’est la loterie de la princesse, la distribution de ses étrennes à sa société, au hasard d’un tirage de cartes : 32 lots comprenant des bracelets, des robes de velours, des nécessaires de voyage, des tapis, des lampes, etc. Il y a là tous les intimes du moment, les deux princesses Primoli et Gabrielli et leurs maris, du Sommerard et sa femme, M. et Mme Reiset, Mme de Lespinasse, les peintres Marchal, Baudry, Hébert, Boulanger, Protais, Saintin, les Giraud, et nous deux, comme hommes de lettres.

30 décembre. — Passé aujourd’hui devant l’ancienne maison de Gavarni, avenue de l’Impératrice.